Le 24 mars 2017, le CCFD Terre Solidaire organise un débat citoyen au FEC, 17 place St Étienne à STRASBOURG à 20h. Le thème du jour sera :
La monnaie locale : une dynamique socioéconomique d’avenir ?
Cet échange se déroulera en compagnie d’intervenants de l’association du Stück mais aussi d’Angelina Freire, coordinatrice, au sein de Banco Palmas de plusieurs associations visant à réintégrer les femmes du quartier dans la société.
Banco Palmas, qu’est-ce que c’est au juste ?
Banco Palmas est la première banque communautaire du Brésil créée en 1998. L’initiative vient des habitants d’une favela de Fortaleza au Nord-Est du Brésil qui créent leur monnaie locale (le « Palmas ») et instaurent un système de micro-crédit. L’objectif ? Relocaliser l’économie et les emplois.
Le contexte
Dans les années 70, les habitants des bidonvilles côtiers de Fortaleza sont forcés de partir, abandonnant tout derrière eux afin de laisser place à de grands complexes hôteliers destinés aux touristes. Ces habitants se voient obligés de loger dans une zone marécageuse en périphérie de la ville, sans eau, ni routes, ni électricité.
Pour sortir de leur dénuement, ils décident de se regrouper au sein d’une association et, ensemble, réussissent à urbaniser le quartier. Mais un problème persiste : le taux de chômage est beaucoup plus élevé qu’ailleurs et la majeure partie de la population ne dispose pas de ressources pour vivre correctement. Les habitants du quartier s’interrogent :
« Pourquoi sommes-nous pauvres ? »
Ils constatent que, dans leur quartier, il existe bien des ressources : les habitants perçoivent un salaire, reçoivent des pensions… mais que la pauvreté est largement dûe au fait que la majeure partie de ces revenus est dépensée à l’extérieur du quartier.
« Nous ne sommes pas pauvres, mais nous le devenons car nous achetons tout en dehors du quartier. »
Ils décident donc de créer en 1998 Banco Palmas, leur propre banque, pour financer grâce au microcrédit des projets solidaires locaux: commerce alimentaire, confection de prêt-à-porter…L’objectif premier ? Faire circuler l’argent au sein de la communauté, pour augmenter les capacités de commercialisation locale et pour créer travail et revenus.
Comment ça marche exactement ?
1 Real = 1 Palmas et il existe trois façons d’acquérir des Palmas :
- Les habitants du quartier peuvent emprunter à la banque communautaire une somme d’argent en Palmas sans taux d’intérêt.
- Ils peuvent échanger des Reals (la monnaie brésilienne) contre des Palmas. Si les achats sont payés en Palmas, les commerçants acceptent d’ailleurs d’offrir des ristournes allant de 5 à 20%, intéressant !
- Les salaires peuvent également être perçus en partie en monnaie locale.
Et sur le plan social ?
Quelques années après la création de Banco Palmas, on s’aperçoit que de nombreux habitants, et plus particulièrement les femmes, ne travaillent pas à cause d’un manque de qualification et de l’analphabétisme.
Ces femmes, pauvres, exclues et désocialisées souffrent d’un manque de confiance en elles. Un manque d’estime de soi qui ne se fait pas seulement ressentir dans leur vie « professionnelle » mais aussi dans leurs vies personnelles.
La solution pour qu’elles puissent gérer leurs biens et aient la possibilité de s’émanciper ? Le projet Elas, avec l’aide du CCFD. Ce programme vise à réintégrer ces femmes dans la société en leur faisant suivre un programme de qualification dans les domaines comme la couture ou l’alimentaire.
Le but ? Que ces femmes deviennent des créatrices de richesse locale, compétentes et sûres de leur place dans la société
Et ça marche ! Grâce à ce programme, une centaine de femmes montent chaque année leur propre affaire ou s’intègrent dans une société existante.
Lors du débat citoyen du 24 Mars, nous aurons le plaisir d’écouter et d’échanger avec Angelina Freire, coordinatrice de l’Association des Mulheres Emancipadas ( « femmes émancipées ».) et du Projet Elas ( « Elles »)
Et maintenant ?
Le succès est retentissant !
- En 2011, 93 % de la population du quartier de Palmeiras achetait dans le quartier plutôt qu’en dehors (contre 20 % en 1997).
- Plus de 200 entreprises voient le jour
- 2 000 emplois sont créés
- 103 autres banques communautaires voient le jour dans le Nord-est brésilien. Le Banco Palmas représente désormais une solution pour pallier à l’absence des institutions financières dans les quartiers défavorisés et dans les zones rurales.
Pour aller plus loin :
- Viva favela! Quand les démunis prennent leur destin en main publié en octobre 2009 chez Michel Lafon retrace l’épopée des habitants et de Joaquim Melo, coordinateur emblématique de la Banque et de l’Institut Palmas.
- Banco Palmas dynamise le Brésil
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